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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
19 mai 2015

Résumé du café-philo du 09 /06/15 : philosopher et bonne santé

 

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Le café-philo s'est tenu le mardi 09 juin à 18h45 au Café La Coulée douce (Cité des Pyrénées, rue Berlioz) à Pau. Entrée libre et gratuite. Le sujet proposé, voté puis traité par le groupe a été :

"Philosopher est-il un signe de bonne santé ?"

1          A quoi reconnaît-on la bonne santé ? Existe-t-il un signe de la bonne santé ? On dira peut-être : la santé est l’absence de maladie. Ou bien : la capacité d’aimer et de travailler (Freud). Ou, selon les critères en vigueur dans une société comme la nôtre : compétence, performance, compétitivité – ce qui revient à sanctifier l’idéologie productiviste. Il faut donc distinguer Normalité et Santé. Ne peut-on être en bonne santé tout en se situant « hors norme » ?

 2         La vraie santé serait plutôt la vitalité, ou la créativité, la puissance d’affirmer la singularité, la force active par laquelle le sujet s’autorise de soi-même – ce qui ne correspond pas forcément aux critères de la science et de la pratique médicales.

 3         Et le philosopher ? Est-il indice de vitalité, de santé créatrice ? On évoque ici les définitions traditionnelles, en mettant davantage l’accent sur la source du philosopher – étonnement, émerveillement et plus encore sur l’expérience de la douleur, de l’incertitude, de la maladie, des « situations-limites » que le sujet rencontre forcément dans son existence et qui le poussent à questionner : pourquoi la souffrance, quel est le sens de tout ceci ? Y-a-t-il même un sens, ou bien ne sommes-nous que ballotés dans le non-sens radical de toutes choses ?

 4        La découverte du négatif est un puissant moteur de recherche. Et la tentation est grande de ne voir dans la philosophie qu’une pharmacopée, qu’un système de colmatage pour rétablir à toute force un équilibre compromis. Suit une longue discussion sur l’équilibre, dont on fait souvent un critère de santé, mais qui est un modèle physique discutable – sauf à penser l’équilibre comme un système ouvert-clos, stable-instable, dynamique, évolutif, créatif, par lequel le sujet pourrait intégrer les désordres en se modifiant lui-même. Vivre serait savoir tirer parti des déséquilibres pour s’inventer au fil du temps.

 5        La soirée se termine sur une redéfinition du philosopher : il faut, d’une certaine manière, se moquer de la philosophie comme savoir, érudition, discours d’experts, pour retrouver sans cesse l’origine existentielle, la source vive, la force active qui met l’existence en mouvement, le « pathos » originaire (étonnement, stupeur, effroi, crainte, mais émerveillement aussi devant la beauté d’un monde par ailleurs effroyablement inquiétant), hors de quoi philosopher ne serait qu’un divertissement culturel comme des autres.

 Animation, synthèse et résumé pour Métaphores : Guy Karl

 

Pour en savoir plus sur l'activité, cliquez sur la rubrique qu'est-ce que? à gauche.

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Commentaires
G
Le Chaos, en effet, version Anaximandre, serait l'Apeiron, le sans-limite, donc en effet le hors langage, hors représentation ou, dans une version plus moderne, le réel comme tel - dont Lacan disait qu'il était le non-formalisable (ou la non-symbolisable). Maintenant, quand à s'y sentir bien, c'est une autre affaire. Il y faut certainement des médiations, ce qui à nouveau nous met dans les errements de la symbolisation. L'affaire est décidément très complexe. A suivre...
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D
Qu'ajouter de plus à ce résumé qui relate avec concision mais aussi exhaustivité la teneur de notre débat ?<br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être ceci, en guise d'écho : la bonne santé, sinon la grande santé, la vitalité... est nécessaire pour philosopher, et plus encore pour expérimenter, éprouver, ce qui échappe aux discours, aux reprendentations et aux concepts. Plus qu'un signe, la "bonne santé" devient la condition de l'expérience de l'acte de philosopher.<br /> <br /> <br /> <br /> "Quand on philosophe, il faut descendre dans l’antique Chaos et se trouver bien là." <br /> <br /> Ludwig Wittgenstein, en 1948. <br /> <br /> <br /> <br /> Wittgenstein évoque le chaos, on peut l'interpréter de plusieurs manières. Ici : non pas seulement le désordre complet et sombre, mais surtout ce foyer de forces, de "vents contraires", ce qui n'a pas de forme. Ce qui n'a pas de forme, donc ce qui échappe au langage courant et même conceptuel, le poète allemand Rainer Maria Rilke le désigne par "l'Ouvert". <br /> <br /> <br /> <br /> Ce serait "aussi" cela philosopher, se tenir dans l'ouvert; et être en "bonne santé" permettrait d'en poursuivre le chemin.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous.
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