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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
2 août 2019

Résumé Café-philo - 10/09/19 - L'ennui, une catastrophe ?

CAFE-PHILO (2)

Le CAFE-PHILO du mois de septembre (activité libre et gratuite) s'est tenu le mardi 10 à 18h30 au café le W(clic). Le voté par le groupe à la suite des diverses propositions faites en début de séance fut : 

En quoi l'expérience de l'ennui est-elle une catastrophe ?

Résumé de la soirée :

 Cette proposition paraîtra outrée au premier regard. L’ennui est une expérience fort banale, certes déplaisante, mais qui ne semble en rien catastrophique. Généralement on s’en arrange en espérant ou en provoquant un changement qui rétablira le fil ordinaire de la vie. Le sujet ne prend sens qu’à la condition de considérer l’ennui dans une épreuve radicale qui mettrait en jeu la signification même de l’existence. Si l’ennui nous confronte à l’extrême il peut se révéler catastrophique, ou, dans le meilleur des cas, l’occasion et la chance d’une modification en profondeur.

 Dans un premier temps le groupe examine les divers types d’ennui, depuis l’ennui momentané où l’on trouve le temps long (on attend le bus qui tarde), l’ennui causé par le désagrément d’être ici en souhaitant être ailleurs, jusqu’à cette forme plus radicale où l’on expérimente une désaffection, une démotivation générales, qui peuvent aller jusqu’à la dépression. Dans la langue classique le mot ennui est très fort : il évoque le deuil, l’angoisse, le spleen, la destructivité, voire la haine (de soi). C’est pour éviter ces expériences destructurantes que le sujet se précipite dans le « divertissement », l’activisme, la sur-occupation, les relations sociales, l’addiction, les passions. On ne veut jamais être seul car dans la solitude remontent les pensées pénibles. Mais que cherche-t-on donc à fuir ? L’immobilité forcée, la passivité, le vide d’un temps sans affaires, un lieu qui ne convient pas, une situation bloquée etc.

Si l’on s’interroge sur les causes de l’ennui faut-il incriminer la solitude, ou bien cette peur de la solitude est-elle un symptôme qui renvoie à autre chose ? Dans ce cas il est vain de se fuir dans l’agitation sociale.

 Voici une réponse : il y a ennui quand le sujet ne peut investir psychiquement une situation, une action, un environnement, et qu’il expérimente une sorte d’annihilation subjective, voire une sorte de dépersonnalisation : alors rien ne vaut plus, le monde est vide et le sujet en souffrance. C’est là que la notion de catastrophe prend son sens : retournement fatal, ruine, destruction. C’est bien sûr un cas limite, mais il existe : c’est le sentiment de dépeuplement du monde.

 En seconde partie le débat portera plus spécifiquement sur la question suivante : l’ennui est-il le signe de la destruction du désir ou de son empêchement sous l’action d’une force contraire – mais alors laquelle ?

On cherche du côté des exigences, normes, obligations sociales qui contraignent d’un côté et interdisent de l’autre. Mais alors pourquoi cet état de fait, qui est très général, ne semble-t-il guère contrarier certains qui peuvent s’exprimer et créer, alors que d’autres se laissent étouffer sous le poids des devoirs ? En fait cette analyse très générale n’est qu’à demi pertinente : il faut voir comment, chez un tel et un tel, s’est constituée cette force refoulante qui va briser la dynamique expressive du désir, ce qui constitue effectivement une catastrophe.

Pour conclure : il y a bien des formes d’ennui qui ne réfèrent pas à la même problématique. Dans l’ennui « radical » nous expérimentons notre relation dramatique au temps, et pressentons effectivement la menace de la catastrophe. Mais aussi l’urgence de vivre : « Vivons si m’en croyez, n’attendons à demain ».  Et le don précieux entre tous d’un désir dont il importe de garantir la pérennité et la créativité.

Pour Métaphores, Guy Karl

 

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Commentaires
D
Je remarque que la solitude et l'appréhension du temps présent sont, comme souvent, vécues ou au moins présentées comme source de désagrément voire de souffrance. Si cela existe indubitablement, cela n'est pas nécessairement et constamment le cas. Et l'ennui peut être perçu avec une tonalité moins tragique ; il s'agit peut-être d'un rééquilibrage, une réharmonisation des désirs, une sorte d'hiver avant le printemps...<br /> <br /> Quant à la dépersonnalisation, ce cas me semble relevé d'un tout autre registre que celui de l'ennui. Quand un enfant dit "je m'ennuie", on ne perçoit pas chez lui le symptôme d'une dépersonnalisation... mais seulement des envies, des désirs, inadéquats avec les potentialités d'actions qu'il a en face de lui.
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