Disparition de Jean-Yves Pouilloux
C'est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de Jean-Yves Pouilloux, spécialiste de Montaigne, de Rabelais, professeur émérite des Universités. Jean-Yves nous a souvent fait l'amitié de participer à nos activités Métaphores, tant aux Cafés qu'aux Apéros-Philo, apportant avec sa voix chaleureuse une parole personnelle forte, instruite, toujours accessible, jamais pédante ou dogmatique.
Il a co-animé fin novembre 2015 avec Guy un atelier consacré à Montaigne et Tchouang-Tseu, atelier qui fut un moment particulièrement riche.
Jean-Yves a longtemps fait vivre un café-philo à Orthez avec le souci de se mettre à la portée du plus grand nombre et de partager en amitié à la fois sa grande érudition mais aussi son sens de la question et son art de la formule. Nous perdons un homme de coeur mais aussi un des plus brillants lecteurs et commentateurs de Montaigne qu'il connaissait parfaitement et citait toujours à propos.
Qu'il soit permis à l'administrateur de ce blog et au vice-président de l'association de lui rendre hommage en publiant quelques éléments extraits d'une correspondance privée :
Concernant sa relation à la philosophie que nous interrogions ensemble il y a quelques temps, il répondait : "La philosophie occupe l'essentiel de mes lectures et réflexions, je préfère Platon à Aristote, Montaigne à Descartes, Hume à Leibniz, Nietzsche à Kant ou Hegel, je lis régulièrement Wittgenstein et Merleau-Ponty [...]. J'ai des réticences marquées pour l'agencement abstrait des concepts. [...]
Sur le rapport entre philosophie et littérature : Pour moi philosophie et littérature n'ont rien qui les sépare, au contraire, et même profondément je crois qu'il n'y a pas de pensée "abstraite" comme on dit. Une pensée sans incarnation ne vaut pas grand chose, et je sais bien que beaucoup de "philosophes" me regardent de travers (heureusement pas tous)."
Evoquant la (sa) maladie et les pressentiments l'accompagnant, Jean-Yves écrivit ce mot: "L'humour me semble une excellente défense contre le désespoir" ; formule qui aurait pu figurer sur le plafond de la librairie de Michel de Montaigne.
Nous ne l'oublierons pas.
Pour Métaphores, Didier Karl