Résumé Apéro-philo - 18/01/18 : Les passions politiques
L' Apéro-philo, (activité libre et gratuite) du mois de janvier, s'est tenu le jeudi 18 2018 à 18h45 au café-restaurant Un Dimanche à la campagne sur le sujet suivant :
Comprendre les passions politiques
Résumé :
J’ai proposé en ouverture un positionnement de type spinozien : ne pas se moquer, ni s’exalter, mais considérer les passions comme des faits empiriquement constatables dont il importe de rechercher les causes. Les passions politiques exercent une action considérable dans le cours de l’histoire, sont à l’origine de grandes calamités, parfois de grandes réalisations, si bien que c’est une nécessité pour tout corps politique de savoir les gérer, s’il entend se maintenir dans la durée. Notre propos sera de préciser les formes, les effets, les causes des passions politiques, puis, en seconde partie, de réfléchir aux conditions d’une gestion possible. Après les passions politiques une politique des passions.
1) Nous prendrons le mot passion dans son sens moderne et courant : une concentration, une intensification du désir qui peut aller jusqu’à l’exaltation. Le domaine politique offre de nombreux exemples de telles exagérations, avec des effets tantôt positifs, tantôt catastrophiques.
2) La discussion démarre sur la question de l’idéologie : l’idéologie est-elle la forme privilégiée d’une concentration passionnelle (avec une idée centrale, pathologiquement survalorisée au mépris de la réalité) ou tout au contraire le dépositaire occasionnel, factuel, de passions préalables, qui auraient pu s’investir ailleurs ? Ou encore : elle la cause ou la conséquence des passions ? On note que certains sont capables de passer d’une idéologie à une autre, alors que leurs passions ne semblent guère avoir évolué. Sans doute faut-il chercher la source des passions dans un terreau plus primitif.
3) Cherchant les causes des passions on remarque dans l’attachement passionnel un élément très charnel, viscéral, comme la faim, le besoin de sécurité, la peur, le souci du bien-être, la revendication d’égalité ou de liberté, voire l’affirmation de l’identité. Plusieurs auteurs sont convoqués pour alimenter la réflexion : Hobbes en particulier qui avait donné un tableau des passions politiques, qui, dans l’état de nature, entraînait la guerre de tous contre tous – ce qui nécessitait le pacte social pour assurer la paix civile ; Tocqueville qui décrivait quatre besoins fondamentaux (l’égalité, le bien-être, la passion des choses matérielles, la liberté), autant de contributions qui donnent au sujet sa signification essentielle : les passions sont au principe de la vie civile, qu’elle menacent en même temps, si manque l’élément régulateur qui en adoucira le cours. La société civile et politique repose sur la puissance des passions, qui d’un autre côté menacent de la conduire à la catastrophe. (anarchie, dictature, despotisme, totalitarisme etc)
4) Très logiquement la seconde partie aborde la politique des passions, c’est-à-dire une réflexion qui se propose de réfléchir à la nécessaire maîtrise ou gestion des passions, dont nous avons reconnu tout à l’heure le caractère inéluctable. Il faut lutter contre la crainte, assurer la sécurité publique et privée : c’est le rôle de l’Etat qui met fin à l’état de nature. Il faut poser le principe que chacun renonce à son droit naturel pour remettre entre les mains du Souverain le droit et le devoir d’assurer la paix civile (Hobbes). Ou comme dit Rousseau on obéira à l’Etat pour n’avoir plus à obéir aux hommes. La société civile repose sur la Loi, sur les institutions, qui pérennisent l’ordre social, en opposant aux variations imprévisibles des passions la régularité des formations juridiques. La Justice, par exemple, met fin au règne de la vengeance, qui n’est que passion privée.
5) Vient ensuite une réflexion sur le pouvoir. C’est l’Etat qui exerce le pouvoir mais le fondement ultime du pouvoir c’est le peuple dit souverain. Comment contrôler les pouvoirs qui se font au nom du peuple, mais souvent contre le peuple ? Tout pouvoir devrait être limité par un contre-pouvoir, ou par un principe de séparation des pouvoirs, sans quoi on bascule dans l’arbitraire, ou une forme subtile de despotisme. L’assemblée finit ses travaux en déplorant que de nos jours la démocratie soit plus virtuelle que réelle, et que le système de représentation politique soit totalement archaïque et inapproprié.
Pour Métaphores, Guy Karl