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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
15 septembre 2016

Résumé café-philo du 11/10/16 : Vivre et se mentir à soi-même ?

CAFE-PHILO

Le café-philo de Pau du mois d'octobre s'est tenu le mardi 11 à 18h45 au café associatif La Coulée douce - Cité des Pyrénées (maison de la montagne) rue Berlioz. Un vote démocratique a décidé du sujet à traiter :

Peut-on, pour vivre, ne pas se mentir à soi-même ?

Résumé de la soirée : 

1)   Quel est le sens de cette question ? Celui qui parviendrait à ne pas se mentir à lui-même pourrait-il encore vivre dans la société telle qu’elle est ? Ou bien au contraire pourrait-il accéder à un vivre de meilleure qualité, même s‘il constate un écart significatif entre sa vie et celle des autres ?

 2)   Le groupe, dès l’abord, relève des présupposés dans la question : quel est ce soi dont il faudrait prendre connaissance ? Est-il possible de ne pas se mentir ? Pour mentir ne faut-il pas la connaissance préalable de la vérité ? S’il est facile de concevoir le mensonge à l’égard d’autrui, plus difficile est l’idée d’un auto-mensonge.

 3)   Une grande partie de la soirée va être consacrée à la définition du mensonge. Le mensonge est un acte de parole intentionnel qui consiste à dire quelque chose que l’on connaît soi-même comme étant faux. Celui qui découvre qu’on lui ment se sent dupé, blessé, trahi. Il y voit une rupture de la confiance, surtout si c’est l’œuvre d’un ‘ « ami ».

 4)   Peut-on se mentir à soi-même ? Là-dessus  les avis sont partagés et donnent lieu à des approfondissements considérables. On peut se mentir à soi-même en se cachant des vérités que l’on connaît par ailleurs, en se coulant dans des attitudes, des positions insincères , par conformisme, ambition, jeu, séduction, flatterie, peur, se laissant peu à peu prendre au piège, au mépris de son vrai désir fondamental. On se coule dans la toile que l’on a soi-même ourdie : mensonge social, voire existentiel, dont on serait à la fois la cause et la victime. La littérature explore abondamment des situations de ce genre. Un participant cite les Précieuses ridicules de Molière. D’autres des expériences vécues.

 5)   Il devient fort difficile de distinguer la part du refoulement, du déni, de l’illusion consentie et entretenue, et autres mécanismes de défense – du mensonge proprement dit. Le mensonge est intentionnel : puis-je délibérément décider de me mentir à moi-même ? La question n’est pas tranchée, peut-être ne le peut-elle pas. Si je me mens je sais que je me mens ? On n’en sort pas, sauf à admettre (c’est ma thèse) qu’il existe ici un clivage entre le conscient et l’inconscient : le conscient campe sur une position de dénégation, l’inconscient « sait » ce qu’il en est. Un enfant par exemple, qui a volé,  soutient qu’il n’a pas volé, il l’affirme avec tant de force qu’il finit par y croire : il se ment à lui-même. Mais inconsciemment il sait. La contradiction sera levée avec la reconnaissance du savoir refoulé qui revient à la conscience.

 6)   Quoi qu’il en soit, mensonge à soi-même, illusion, refoulement, piperie, « cacherie », dénégation ou déni, constatons que toutes ces stratégies participent de la difficile adaptation à la vie sociale, qui exige beaucoup de nous, et notamment une sorte d’hypocrisie institutionnelle : refoulement des pulsions, renoncements narcissiques, compétition, performance. Dès lors être vrai pour soi devient une tâche très difficile. Vivre, ce sera jongler avec les impératifs sociaux, tout en veillant à sauvegarder l’essentiel, le désir fondamental. En ce sens il est sans aucun doute urgent de ne pas se mentir à soi-même, en cultivant notre part singulière de vérité.

 Pour Métaphores, Guy Karl

 

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Commentaires
M
bonjour<br /> <br /> <br /> <br /> je n'ai pas assisté à la séance, mais le sujet est très intéressant, fortement d'actualité, le résumé qu'il en résulte est très riche et le sixième paragraphe "résume"" parfaitement pour moi la problématique: vivre devient une tâche fort difficile puisque nous sommes confrontés à toutes sortes de stratégies sociales qui ,amputent fondamentalement notre désir d'être soi dans ce qui est le plus vrai.
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V
Je suis assez d'accord sur le clivage entre l'inconscient qui sait et le conscient qui refoule. En effet nos actes manqués ,nos lapsus,nos reves (nocturnes),nos douleurs physiques(notre corps qui nous alerte) ou psychiques (nos angoisses,nos insomnies) savent nous parler et nous eclairer sur tous nos auto mensonges inconscients. Parfois de petits moments vrais ,magiques de verite comme on sait le reconnaitre et souvent des petits mensonges illusoires qui echappent a notre conscience ,mais utiles a notre existence ,servant a nous liberer .Peut etre que c'est cela se mentir a soi meme.Nos addictions mettent le doigt egalement sur nos verités falsifiées. Elles revelent souvent d'un malaise, mais sont necessaires car elles nous apprenent tellement de nous.
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M
Un bien beau développement chère Sibylle qui nous engage dans des perspectives philo-politiques fondamentales. Voilà qui mériterait d'être repris dans une formulation problématique à proposer pour le prochain café, par exemple...
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S
Nous raisonnons souvent à partir de notre temps, des lois de notre pays. Nous oublions souvent que ce qui vaut chez nous ne vaut pas chez tous les autres peuples ou nations fussent-elles despotiques de surcroît.. Pour autant, même au cœur de nos sociétés le problème reste entier. Le suffrage universel censé mettre en exergue le respect d’une certaine dignité dissimule bien des misères.<br /> <br /> <br /> <br /> Le sentiment d’égalité juridique (des droits) ne recouvre pas ou très rarement l’égalité effective et surtout pas malheureusement la manifestation et la reconnaissance d’une idée, d’un point de vue. <br /> <br /> Notamment , je pense à un point particulier.Il y a toujours « ce vide politique » relatif au vote blanc que chaque scrutateur comptabilise lors des dépouillements électoraux (au même titre que les votes nuls) mais que l’on tient encore hors du champ de l’expression d’une volonté ou décision singulière.<br /> <br /> <br /> <br /> Tocqueville disait déjà à son époque « les gens voteront comme on leur dira. ». Dans les faits, les arcanes du pouvoir réservent des surprises : tractations et stratégies souterraines au vue de la défense de l’intérêt personnel ou de l’esprit de caste sont toujours monnaie courante.<br /> <br /> <br /> <br /> Un vote peut-il ne pas être "démocratique" ? Vous posez la une excellente question chère Bernadette qui mériterait un débat beaucoup plus élaboré. Cela dit, dans nos cercles des cafés "philo", apéro philo, nous faisons l'exercice de la démocratie directe comme cela pouvait se pratiquer au sein de l'agora. <br /> <br /> <br /> <br /> Quel luxe !<br /> <br /> <br /> <br /> Portez-vous bien.
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M
Malheureusement oui. Dans les dictatures aussi, il peut y avoir vote. Ce n'est pas parce qu'un peuple vote que sa volonté est respectée, autrement dit que le pouvoir du peuple soit réel. Il pourrait s'agir d'un habillage démocratique, d'un cadre purement formel pour dissimuler des pratiques autocratiques.<br /> <br /> Dans nos cafés, le vote démocratique est suivi d'une élaboration tant individuelle (chacun peut s'exprimer) que collective (nous sommes au service du sujet qure nous choisissons ensemble).<br /> <br /> Bien à vous
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