Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
27 mars 2016

Résumé du Café-philo du 10/05/16 : Promesse et liberté

CAFE-PHILO

Le Café-philo du mois de Mai s'est tenu le mardi 10 à 18h45 au café associatif de La Coulée douceCité des Pyrénées29 bis rue Berlioz à Pau. Le sujet voté par le groupe présent fut : 

Promettre, est-ce perdre sa liberté ?

Animation et synthèse : Guy Karl (Philosophe)

 1)    Promettre est un acte de parole qui, au présent, engage la foi, la confiance, la créance en un acte futur : « demain je  rembourserai mes dettes ». Cet engagement se fait dans une relation intersubjective, l’un promet à l’autre, s’engage devant lui, met en jeu sa bonne foi, demande à être jugé sur sa bonne foi.

 2)    Toutefois il faudrait distinguer, en droit positif, ce qui relève d’un contrat, dont le manquement est passible de poursuites judiciaires, de la promesse proprement dite, acte privé, qui, hormis quelques cas extra-ordinaires, ne concerne pas le droit. Notre débat portera donc exclusivement sur la promesse.

 3)    On promet « quelque chose » à quelqu’un, fût-ce à soi-même dans une division entre ce qu’on est et ce qu’on décide de devenir. Promettre suppose donc toujours une tension entre le présent, où se fait la promesse, et un futur où la promesse est tenue, ou non – ce qui arrive fréquemment. Promettre c’est parier sur l’avenir, c’est supposer possible le paiement de la dette, c’est affirmer une constance, une permanence, une continuité, que rien ne garantit : illusion, vanité, orgueil, naïveté, on peut s’interroger sur les motivations, les intentions qui commandent la promesse, mènent à cet acte qui peut apparaître comme une perte de liberté. Qui peut me garantir que demain je sentirai, penserai comme je fais aujourd’hui ? Pourquoi m’enfermer moi-même dans une décision que demain  je pourrai regretter ?

 4)    D’aucuns insistent sur la dimension de prévisibilité, laquelle crée de la sécurité : celui qui promet, outre ce qu’il promet (l’objet de la promesse) demande qu’on lui prête de nobles intentions, par quoi s’engage une relation de confiance, fondement d’une relation durable. C’est la foi, la fiance, la fidélité. D’autres estiment que c’est là un leurre, un acte de magie reposant sur la surévaluation du langage : « la promesse n’engage que celui qui l’écoute».

 5)    Apparaît en ce point une ligne de fracture dans le groupe qui s’approfondira jusqu’au terme du débat. Pour les uns la liberté consiste à disposer de soi, et dès lors à ne pas s’engager trop vite, au motif que rien ne dure, que le temps emporte tout, y compris les plus belles motivations, et que ce serait folie de mettre sa confiance dans les autres (Machiavel)  ou de se croire soi-même exempt du changement universel. D’autres rejettent cette conception spontanée de la liberté en affirmant la primauté de principe de la liberté morale qui insiste sur l’obligation de dominer le chaos des pulsions et des intérêts immédiats pour agir selon une certaine loi intérieure, qui nous placerait au-dessus de la pure instinctualité.  En fait la question est de savoir si la liberté est une donnée immédiate qu’il faudrait préserver contre les risques d’empiètement, les contraintes et les obligations, ou si au contraire elle est ce travail de libération par lequel on se transforme soi-même pour gagner en liberté intérieure et extérieure.

 6)    On pourrait conclure en soulignant le fait qu’il ne faudrait pas promettre à la légère, ne pas promettre l’impossible, et que le temps reste notre maître à tous.

Pour Métaphores, GK

 

Cette soirée, riche et amicale, s'est poursuivie, pour ceux qui le désiraient, d'une manière particulièrement concentrée dès qu'il s'est agi de se heurter à la complexité des menus ; lecture difficile et choix douloureux au regard des promesses faites aux autres ou à soi-même. (DK)

 

P1200361

 

Pour en savoir plus sur l'activité, cliquez à gauche sur le lien qu'est-ce que le café-philo.

Publicité
Publicité
Commentaires
G
C'est là qu'il est utile de distinguer l'obligation (morale) de la contrainte (juridique). Ce n'est pas le même type de lien, même si parfois les deux peuvent se mêler plus ou moins dans les faits. Le juridique semble de plus en plus envahissant, ce qui ne va pas sans problème pour la vie privée.
Répondre
A
De retour d'un colloque sur la réforme du droit des contrats, à compter du 1er octobre 2016,la promesse, meme unilatérale, pourra entrainer la formation du contrat....force obligatoire de l'engagement unilatéral, sécurité juridique oblige. <br /> <br /> La liberté recule dans le code civil....incontestablement...reste la vie....hors des contrats.....le contrat moral peut échapper à cette contrainte légale...mais reste soumis à une autre...
Répondre
P
il y a eu au Le Monde/Le Mans il y a quelques années un quart d'heure éblouissant de générosité, d'intelligence et de lumière avec une parole de Delphine Horvilleur sur la promesse justement, je crois que c'est accessible sur les voies immatérielles, ne le manquez pas, bien amicalement à tous
Répondre
G
Merci, chère Mary-am pour ce témoignage. Mais ne vous laissez pas rebuter par les interventions d'autrui, qui vous paraissent tantôt un peu soutenues. Chacun vient avec ce qu'il est, et les témoignages de la vie concrète sont toujours les bien venues. Une certaine disparité de savoir et de pratique est inévitable, c'est de plus un gage d'authenticité. Je vous invite à insister : vous y trouverez profit, d'autant que nul n'est jugé,critiqué ou méprisé. Etre sincère et vrai, voilà l'essentiel.
Répondre
M
je ne peux assister à toutes les séances de philo, alors je me rends sur le site: je le trouve très bien fait, j'ai pu imprimer tous les sujets qui m'intéressent. de plus, quand je me rends à la Coulée Douce pour le Café philo, je trouve très intéressant la démarche, la possibilité de s'exprimer librement, j'aime l'ambiance.<br /> <br /> Quand je me suis rendue au Café Suspendu, j'étais moins à l'aise et j'ai constaté que la plupart des personnes connaissaient la philo et réagissaient en intellectuels, c'est bien, mais je pense que l'école de la vie peut aussi être source de réflexion, de prise de conscience, de recul, d’intelligence . Merci à toute l'équipe de Métaphores
Répondre
Newsletter
167 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité