Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
15 mai 2016

Résumé du café-philo du 14/06/16 : Repenser la nature

Café-philo

          Le prochain café-philo s'est tenu le mardi 14 juin 2016 à 18h45 au café (associatif) La Coulée douce, Cité des Pyrénées, rue Berlioz à Pau (activité libre et gratuite). Le sujet voté par les participants à partir de leurs propositions fut :

Comment repenser notre rapport à la nature ?

Résumé de la soirée :

1)      S’il est bien question de nos jours, où tant de dangers menacent la vie sur la planète, de repenser notre rapport à la nature, on se demandera s’il a bien existé par le passé une authentique pensée de ce rapport. Rien n’est moins sûr, car si l’homme s’est adapté bon an mal an, s’il a prospéré en se répandant sous toutes les latitudes au fil de son histoire, il a sans doute agi plus par instinct de survie que par réflexion. Toutes les organisations vitales tendent à occuper voire à coloniser leur milieu pour s’assurer les meilleures conditions de développement. L’espèce humaine s’est aménagé une position dominante qui, paradoxalement, peut apparaître comme le plus grand danger pour sa survie.

 2)      Interrogeant le passé on peut décrire deux conceptions majeures. Très longtemps domine la pensée animiste qui peuple la nature d’esprits ou de génies dont il importe de se concilier les faveurs par des offrandes ou des prières. La nature est sacrée, inviolable, toute puissante, redoutable, et c’est essentiellement par la magie ou le rite que l’on peut exercer une action, parallèlement aux ressources très limitées d’une technique rudimentaire, qui ne modifie pas l’environnement et se contente de tirer parti des bénéfices immédiats. Puis, avec les progrès de la connaissance rationnelle, se développera, fort tard au demeurant, une science efficace qui inspirera une technologie  conquérante, capable d’utiliser, ou de libérer l’énergie au profit de l’exploitation méthodique des ressources naturelles. La nature, désacralisée, devient une réserve indéfiniment exploitable, soumise au projet prométhéen énoncé par Descartes : « devenir comme maître et possesseur de la nature ». Certains auteurs proposent d’appeler « anthropocène » le nouvel âge géologique où nous sommes, marquant par cette notion une situation inédite dans l’histoire de la terre, où l’humanité apparaît comme un des facteurs de l’évolution, par l‘action qu’il exerce sur le climat, le sol et le sous-sol, les cultures, voire les océans, modifiant de la sorte les conditions naturelles, sans que l’on puisse prévoir les effets à terme : par exemple la disparition des abeilles, la pollution des océans, la fonte de la banquise et des glaciers. L’homme est devenu un partenaire de l’évolution géologique, mais il n’en a pas forcément conscience. C’est là que notre sujet prend toute sa signification : quelle nouvelle pensée de la nature ?

3)      L’époque contemporaine, portant cette conception à l’extrême,  se caractérise par la domination unilatérale d’une puissance quasi illimitée, née de la conjonction historique de trois puissances étroitement intriquées : la science expérimentale, la technologie impériale, le financement privé ou étatique. D’où la naissance de gigantesques « firmes » mondialisées qui jouissent d’une sorte de monopole de l’inventivité, dans tous les domaines, et qui semblent même échapper à toute législation. Elles entraînent l’humanité dans une course effrénée vers le maximum de profit, sans considération critique sur les effets éventuels de cette « mobilisation infinie » (Sloterdijk). Ce n’est là, cependant, que l’aspect le plus visible d’une tendance générale que l’on peut observer dans tous les secteurs de la vie publique (entreprises, écoles, administrations, hôpitaux, services sociaux etc)

4)      Le groupe, enfin, interroge un autre aspect de la question : faut-il repenser notre propre nature d’être humain, car si l’homme a conquis la planète et se comporte en super prédateur c’est bien qu’il y a en lui une disposition conquérante, une aspiration infinie, une volonté de puissance qui préside aux plus grandes réalisations, mais qui a son côté sombre. Où est la limite ? S’il n’est plus possible de revenir en arrière, on se demandera où aller, et pour quoi faire ? Peut-être le seul choix qu’il nous reste est-il entre le capitalisme sauvage et la Civilisation. Peut-être que, sous ce rapport, les Anciens ont encore quelque chose à nous dire.

Pour Métaphores, Guy Karl

 

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Autopoièse ! Que voilà un joli mot, qui, comme tous les mots de cette espèce, font signe vers un inconnaissable que nous isolons dans la pensée, que nous réifions en concept, ce qui nous donne la béate illusion de savoir. Ce n'est pas grave tant que nous avons conscience que le doigt qui désigne la lune n'est pas la lune.<br /> <br /> Merci pour cette sapiente contribution, cher Bron !
Répondre
L
Prière de m'excuser mais voici que le relâchement post-examens a eu raison de ma mémoire. En effet, un large rectificatif est à fournir. Le voici : <br /> <br /> - Kant, dans la CFJ, aux §§64 et 65, se servant de l’exemple de l’arbre, nous dit que le vivant est “cause et effet de lui-même” à trois niveaux, indissociables : <br /> <br /> - l’espèce, <br /> <br /> - l’individu et <br /> <br /> - les parties qui le constituent. <br /> <br /> Capable de se produire lui-même à trois niveaux. Ainsi, la reproduction intervient à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisme. Un organisme vivant est capable de “poiésis”, production.<br /> <br /> C’est un “SYSTEME AUTOPOIETIQUE”, pour reprendre l’expression de Varela (et pas de Viveiros de castro).<br /> <br /> <br /> <br /> Francisco VARELA, Autonomie et connaissance, Essai sur le vivant, p. 61 :<br /> <br /> « les systèmes vivants sont parfaitement définis en tant qu’unités par l’autopoièse. En fait la reproduction exige l’existence préalable d’une unité à reproduire et elle est donc nécessairement seconde par rapport à cette unité. L’évolution requiert la possibilité d’une transformation au cours et par l’intermédiaire de la reproduction ».<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Le baron s'excusant de sa maladresse<br /> <br /> Vous prie de ne point l'excommunier pour autant.
Répondre
Newsletter
167 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité