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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
3 février 2016

Résumé de l'Apéro-philo du 24/03/16 : Les pathologies psychiques

Apero philo

 

L'Apéro-philo du jeudi 24 mars 2016 s'est tenu au Café suspendu (café associatif) à Billère (15 rue Lasansaa) sur le sujet suivant: 

          Les pathologies psychiques contemporaines    

 

La soirée fut animée par Guy Karl, philosophe.

Résumé :    

         Nous remercions chaleureusement le docteur Hourcadette, médecin psychiatre, pour sa présence remarquée, la qualité de sa présentation et la clarté de ses réponses aux nombreuses questions des participants. L’objet de cette soirée était triple : Renouer symboliquement le dialogue très ancien, mais fâcheusement distendu dans la modernité, entre philosophie et psychiatrie. Réfléchir sur l’incidence que pouvaient avoir sur la psyché les problèmes actuels de la société postmoderne : précarité, obsession de la performance, atomisation des individus, affaiblissement du lien social, désintégration de certaines structures traditionnelles etc. Cet état de fait génère-t-il de nouvelles pathologies (comme  les troubles borderline, la fibromyalgie, le stress etc) ou bien ne sont-ce là que des expressions nouvelles de pathologies bien connues et dûment répertoriées ?

 Enfin j’eusse aimer interroger le psychiatre sur la déontologie : quel est le rôle du psychiatre, de normaliser la déviance, de réduire la souffrance, de rééduquer, de rendre une certaine liberté de parole à ceux qui en sont privés par la maladie ?

 Dans un premier temps le docteur Hourcadette a présenté les grands traits de l’histoire de la psychiatrie, marquant les temps forts, les grandes avancées théoriques, avec, en parallèle, le rôle déterminant des découvertes médicamenteuses, qui ont permis un net soulagement de la douleur, voire des guérisons, parfois spectaculaires.

 Puis il dresse un tableau synoptique des pathologies «  classiques » pour s’interroger sur  ce qu’il en est des formes contemporaines, dont on peut se demander dans quelle mesure elles relèvent de phénomènes de modes, voire de classifications qui sont surtout le fait de laboratoires : c’est le médicament qui, d’une certaine manière, « crée » la maladie : si le patient régit favorablement à l’antidépresseur c’est qu’il est déprimé !

 Il n’est pas certain qu’il y ait vraiment de nouvelles pathologies, mais il est certain qu’il y a de nouvelles expressions pathologiques. Cette remarque nous invite à penser que la maladie en général est toujours pensée et diagnostiquée dans un contexte culturel voire politique, et que les classifications sont fort variables au fil du temps : exemples types, l’hystérie, déjà repérée par les Anciens, mais définie tout autrement que chez nous, la mélancolie, la manie (mania = délire), chaque époque apportant des précisions ou des remaniements conceptuels. Il ne faut surtout pas croire que les nomenclatures médicales sont intemporelles et inchangeables. Les problèmes de classification en psychiatrie sont réels, et il en résulte parfois un errement dramatique au niveau des prescriptions médicamenteuses.

 Reste que la France est la championne du monde en matière de consommation de psychotropes et dans le même temps très peu de malades réels sont réellement soignés !

 La soirée s’achève sur quelques réflexions déontologiques : le premier rôle du médecin est de réduire la souffrance (souvent plus pour l’entourage que pour le patient lui-même, qui n’a pas toujours conscience de son état, comme on voit dans les délires). C’est dire que le psychiatre répond à une demande sociale (l’ordre public). La question de savoir s’il peut contribuer à libérer le sujet de sa maladie, est restée en suspens .On rappellera cependant que le médicament ne suffit pas et qu’il faut recourir parallèlement à une forme ou une autre de psychothérapie.

       Pour Métaphores, GK

 

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Commentaires
D
Tout à fait, chère aladineyasmine, entre un verbe "être" qui chosifie et catégorise, et la description de conduites pathologiques qui s'accompagnent d'abord de souffrance (c'est cela que recouvre en premier lieu le terme pathologie), se glissent des nuances essentielles et de véritables problèmes.<br /> <br /> Sans doute serons-nous amenés à distinguer le malade qui se sait souffrant et celui qui est dans le déni de sa propre souffrance (le cas sans doute le plus général). <br /> <br /> <br /> <br /> On peut interroger par ailleurs le désir d'identification des troubles : s'agit-il de comprendre et d'expliquer ? De décrire ou de normaliser ? Et quel sens donner à la prise en charge institutionnelle et pour quelles fins ?<br /> <br /> <br /> <br /> Quelles que soient les stratégies et les finalités que se donnent la psychiatrie ou qu'on lui attribue, il ne faudrait pas en déduire pour autant que la souffrance psychique n'est qu'une construction voire qu'un leurre ou encore que sa "normalité" statistique la rendrait anodine parce qu'elle produit ne nombreux effets dans le réel dont les situations que vous avez évoquées.<br /> <br /> <br /> <br /> Bref, voilà des débats riches et intenses en perspective sur des sujets complexes et universels...
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A
Très bonne initiative qui permettra d'éclairer le tout un chacun des réalités que recouvrent les qualifications de "bipolaire", "schizo",...dont on étiquette de manière banalisée les comportements différents...de manière outrancière et dénigrante; sans savoir ce que ces réelles pathologies recouvrent en réalité...<br /> <br /> <br /> <br /> .Au fond, il existe un mélange regrettable entre les véritables catégories psychiatriques ( et les travaux étrangers sont riches d'enseignement sur le fait que la discipline n'en soit qu'à ses balbutiements) et l'analyse des problèmes individuels, du mal etre individuel et collectif.<br /> <br /> <br /> <br /> La vision de "schizo", "bipolaire", manipulateurs et autre "pervers" dans son entourage professionnel ou personnel ( mon ex m'a quitté cetait un pervers narcissique; mon salarié est schizo..), ne revele t elle pas une autre forme de "pathologie" : une vision paranoiaque d'autrui, qui forcément, lorsqu'il "dévie", relèverait de la psychiatrie, et pas uniquement des faiblesses de comportement, qui nous caractérisent tous? Une incapacité à s'auto critiquer en accablant l'autre d'etre un "malade"?<br /> <br /> <br /> <br /> La question du dévoiement et de la dénaturation des termes et catégories psychiatriques dans le langage commun m'apparait centrale...
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