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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
20 mars 2016

Résumé du café-philo du 12/04/16 : La recherche du plaisir

Café-philo

 

Le café-philo du mois d'avril s'st tenu le mardi 12 à 18h45 au café associatif de La Coulée douceCité des Pyrénées29 bis rue Berlioz à Pau.

 

Le sujet voté et traité par le groupe présent fut :

Peut-on fonder sa vie sur la recherche du plaisir ?

Résumé de la soirée

1 La problématique est complexe. D’abord comment entendre le « peut-on » ? S’agit-il d’une possibilité de nature, conforme aux lois de nature – ou d’une revendication éthique, voire « morale » d’un sujet qui décide de consacrer sa vie à la recherche du plaisir ? Ensuite, comment entendre « fonder sa vie » expression qui implique un choix existentiel, bien au de là d’une simple cueillaison des plaisirs qui passent ? Puis, « recherche du plaisir », qui sous-entend que le plaisir n’est nullement une donnée immédiate, s’il faut faire effort pour y parvenir.

 2 Le groupe exprime fortement l’idée selon laquelle le plaisir se heurte d’emblée à une série impressionnante de contraintes sociales : le devoir de responsabilité, les exigences culturelles et professionnelles, les impératifs de l’éducation, la condamnation de l’égoïsme, les interdits religieux. « L’homme est au monde pour faire son devoir » pouvait-on lire dans les salles de travail des internats prussiens. Kant disait plus sobrement : tu dois, tu veux, tu peux. Le plaisir ne saurait être un programme de vie selon la morale, mais plutôt un obstacle qu’il faut vaincre, une tentation dont il faut se détourner.

 3 Autre problème : la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a les pertes inévitables, les séparations, les douleurs, l’insatisfaction chronique, bref une forte présence du déplaisir qui rend la recherche du plaisir à la fois nécessaire pour combattre la souffrance, et problématique dans ses résultats. Le déplaisir semble invincible, en tout cas à terme, le sujet ne pouvant  dès lors que composer avec le mal, en valorisant les moments heureux. Il faut bien vivre, et vivre bien, ce qui ne se peut dans une souffrance perpétuelle. Le plaisir serait la consolation de l’âme souffrante, sans être jamais une solution définitive, ou un remède suffisant.

 4 Quelques personnes insistent sur la dimension sociopolitique du problème : à supposer qu’un sujet veuille vouer sa vie au plaisir n’est-ce pas en général aux dépens du travail et de la souffrance d’autrui, esclaves, employés, domestiques, serviteurs ? Voire la société antique. A nouveau rebondit la question de l’égoïsme : plaisir pour moi, à quel prix ? Puis-je négliger cette dimension de souffrance que mon style de vie impose à autrui ?

 5 La question pourrait trouver une solution si l’on distinguait plus soigneusement entre le plaisir « naturel » - être à son aise, goûter légitimement aux joies éphémères de l’existence, plaisirs « naturels et nécessaires » (Epicure) – et les plaisirs dispendieux, frelatés, « ni naturels ni nécessaires » qui impliquent beaucoup de temps, de dépenses et d’efforts. Une personne évoque la quête interminable et décevante de Casanova, lequel ne saurait parvenir à ses fins, si le but recherché s’éloigne à mesure. Quel est alors cet impossible qui motive le désir et le déçoit du même mouvement ?

6 A y réfléchir de plus près les obstacles au plaisir sont autant intérieurs qu’extérieurs. On ne peut tout expliquer par les facteurs sociaux et culturels. C’est dans la psyché elle-même qu’il faut chercher une certaine cause à l’insatisfaction chronique, si comme le soutient Lucrèce, le vase est percé, et que jusque dans les plaisirs « il y a je ne sais quoi d’amer ». Montaigne disait à sa manière : « nous ne goûtons rien de pur » -remarquant dans la volupté même un certain coefficient de douleur, voire de tristesse. Fonder sa vie sur le plaisir seul est sans doute une impossibilité, et Epicure lui-même, pourtant philosophe du plaisir, recommande constamment l’usage de la raison pour en régler le cours : pensée du plaisir et plaisir de la pensée, les deux associés dans le bel équilibre de la vie belle et bonne.

Pour Métaphores, GK

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