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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
24 octobre 2015

Résumé de l'Apéro-philo - 24/11/15 - Penser la nature ?

Apero philo

 

L' Apéro-philo du mardi 24 novembre 2015 s'est tenu exceptionnellement à l'Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Pau. Nous avons eu l'occasion d'intervenir dans le cadre de la préparation à la Semaine de la Philosophie qui se tient du 30 novembre au 05 décembre dans les locaux de l'ESC sur le thème de la Nature.

Notre sujet fut : Penser la nature ? 

      "Nous ne savons pas ce qu'est la nature et ne pouvons pas le savoir. Au cours des siècles, et selon les paradigmes de leur culture, les civilisations humaines ont développé diverses représentations, animistes, thélogiques, métaphysiques ou scientifiques. Aujourd'hui, dans un état du monde marqué par le triomphe de la technologie et la globalisation, mais également par de graves incertitudes sur l'avenir, on se demandera s'il n'est pas urgent d'interroger notre paradigme de croissance indéfinie et d'"arraisonnement" de la planète. Une nouvelle vision du rapport de l'homme à la nature peut-elle naître de ces interrogations ?"    

Pour Métaphores, GK

 

Pendant un peu plus d'une heure, les philosophes de "Métaphores" ont présenté tour à tour divers enjeux permettant d'engager la discussion avec le public. En voici un résumé.

1)        Partant de la double étymologie, grecque et latine, Guy Karl est intervenu sur "le sens de la nature", sur ce rapport intime qui relie l'homme à cette ressource inépuisable qu'est la Physis (telle que les Grecs l'ont pensée dès l'Antiquité) et qui constitue l'origine féconde de la création. La modernité, de ce point de vue, a perdu ce sens de l'originaire, remplacé par un désir furieux d'emprise, de conquête et de maîtrise dont le mercantilisme contemporain représente le triste parangon. L'idée de la contemplation, chère aux Anciens peut-elle encore faire sens ? Et avec elle, cette belle intuition léguée par Anaximandre selon laquelle la nature illimitée (Apeiron) nous donne à méditer le sentiment tragique de la vie ?

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2)       Peut-on seulement penser la nature et de quelle manière ? Didier Karl a interrogé à partir des thèses d'Auguste Comte, les trois paradigmes dominants à travers lesquels les sociétés humaines se sont liées à un Réel primitivement incompréhensible et hostile. Passant d'un mode d'appréhension théologique, puis métaphysique et scientifique, l'esprit humain a construit une relation à la nature déterminée par un "impensé", par une structure mentale inconsciente constituant un mythe grâce auquel cette relation a pu prendre sens. Science et technologie peuvent alors se comprendre comme des mythes contemporains, comme des récits au service d'une conquête infinie et d'un pouvoir sur une nature devenue rentable et dont le caractère mystérieux aurait disparu.

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3)        Il devient urgent d'interroger la désacralisation de la nature, caractéristique de la modernité dans laquelle la technique joue un rôle central. Tel est l'enjeu de cette troisième intervention proposée par Marie-Pierre Carcau. Les analyses de Martin Heidegger (Essais et conférences) sont convoquées pour penser la distinction entre "technique artisanale" et "technique moderne". Si la première prolonge les formes naturelles à l'image de l'outil (imitant la nature), entretient une connivence entre homme et nature, la seconde manifeste un défi, une défiance, une rupture du lien sous la forme d'une agression. L'image du fleuve dont le cours est stoppé par une centrale illustre le propos et symbolise le processus d'intervention catastrophique de l'homme sur le dynamisme naturel. Tel est le sens de l'arraisonnement ou interpellation de la nature, fonds de réserve désormais exploitable mis à disposition des ambitions humaines et des intérêts. 

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4)       Comment renouer un lien qui puisse respecter les équilibres naturels sans engager l'homme dans une régression technique ou dans une attitude passéiste ? Procédant de quelques rappels de bons sens, David Pourille a envisagé la constitution de nouvelles relations à la nature fondées non pas sur un romantisme désuet mais sur la possibilité d'un contrat moral passé avec elle. L'idée du principe responsabilité de Hans Jonas est mobilisée dans ce sens. La nature peut-elle devenir sujet de droit ? Que peut signifier ici le terme de "sujet" et pour l'homme, quels devoirs et quels impératifs ? Il semble que ce soit davantage en termes de partenariat ou de congruence, en référence à Herbert Marcuse, que l'homme doive penser le rapport entre technologie et nature. Mais un tel partenariat présuppose la reconnaissance de réelles solidarités qui nous rappellent notre essentielle et définitive appartenance à la nature.

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         Résumé pour Métaphores, DK

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Commentaires
G
Le désintéressement n'existe que dans la contemplation, qui est une attitude exceptionnelle, dégagée des besoins et des désirs. Il est bien vrai, en conséquence, que pour l'action il faille des limites : un droit international, rénové et adapté à la situation où nous sommes, me paraît urgent, indispensable, et sans doute seul capable de brider la folie universelle.
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A
je pense qu'il n'est pas choquant ni hypocrite de vouloir protéger la nature contre l'action nuisible de l'homme.. <br /> <br /> <br /> <br /> Peu importe au bout du compte que ce droit en devenir ne soit pas désintéressé, il vaut mieux qu'une action néfaste sans fin et sans limite.<br /> <br /> <br /> <br /> .Le droit est donc le rempart ultime contre l'action de l'homme...une façon pour lui de s'auto limiter...c'est aussi pour préserver l'avenir de l'humanité...; un intérêt évident.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais les amoureux de la Nature ne s'en plaindront pas, n'est ce pas? <br /> <br /> <br /> <br /> Si le constat aujourd'hui est inquiétant et décevant quant au traitement de la nature par l'homme, la nécessité de légiférer s'impose puisque les comportements éthiques, responsables et solidaires ne sont pas suffisants<br /> <br /> <br /> <br /> on ne peut que le regretter, mais ne rien faire serait encore plus criminel au bout du compte<br /> <br /> quant au désintéressement, n'est ce pas une utopie?
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T
Penser la nature ? <br /> <br /> Lors de votre intervention vous interrogiez s'il etait possible d'imaginer un autre rapport a la nature. <br /> <br /> En effet, la Nature forme un grand Tout regi par un ordre dont nous n'avons pas conscience, le chaos etant seulement dans notre representation mentale de la Nature. <br /> <br /> Vous parliez des lunettes qu'il faut savoir enlever, ce sont plutot nos pensees dont il faut que nous nous detachions pour ETRE. N'avez vous jamais experimenté cette joie et cette paix interieures face a la beauté d'un coucher de soleil sur la montagne ??? <br /> <br /> Pour experimenter cette communion/ unité avec la Nature il ne faut plus s'identifier a ses pensees, a son mental, juste ETRE. Ainsi, dans ces moments malheureusement fugitifs, nous sommes en prise avec le reel débarrassés du prisme de nos representations mentales, de notre ego.<br /> <br /> Quand nous aurons pris conscience de ces representations mentales et cesserons de nous identifier a elles, nos consciences s'eveilleront et une nouvelle humanité pourra voir le jour dans un autre rapport a la Nature.
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P
il me semble que nous appelons "nature" une construction imaginaire dont aucun de nous ne peut penser ni même mesurer la conformité harmonieuse et idéale avec une entité extérieure à nous, existence, vie, cours des choses, mort, évolution des organismes, disparition des espèces, créations bio-téchnologiques, tout un ensemble de données que nous avons du mal à penser et encore plus à maitriser, il me semble que c'est une référence floue et trompeuse, comme le <br /> <br /> "droit naturel" au XVIII° s. Chacun appelle "nature" ce qui est pour lui l'évidence sensible, sans prendre conscience que cette évidence est une construction coutumière inculquée par l'apprentissage de nos sens, ce qu'on nous a appris à "voir", les couleurs par exemple ou 'évaluation du froid et du chaud, du doux et du rude, la langue dans laquelle "cela" nous a été donné à percevoir, autrement dit l'éducation de notre perception, et que rien (ou si peu) de "naturel" ne nous parvient indépendamment du langage, mais nous résistons l'accepter ou même à le concevoir au nom de notre respiration spontanée, de la sensation intime du temps qui passe, de notre allégresse, de notre tristesse, ou de notre vieillissement inéluctable pourtant intensément intime et en même temps totalement indépendant de nous
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D
Plus que d'une limite, il s'agit d'un interdit : inter-dit, ce qu'on "dit ensemble" à l'image de la loi. La nature n'étant plus sacrée, il nous faut définir collectivement ces interdits.
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