Résumé du Cercle littéraire du 17/09/15 : Moisson estivale
Le cercle littéraire s'est tenu le 17 septembre à 18h45 au Café-Suspendu (café associatif) à Billère (15 Rue Jeanne Lasansaa).
Sujet : Moisson estivale
Chers amis lecteurs ,
Le mois de septembre marque le retour de nos activités et rencontres après l'interruption estivale. Pour ce temps de retrouvailles, je vous convie, au rebours de l'usage de la « rentrée littéraire », à venir partager vos coups de coeur, découvertes ou redécouvertes de cet été. Lectures guidées par le désir, le hasard, l'imprévu, sûrement très diverses et loin des contraintes, de la mode et des conventions. Que chacune et chacun apporte une œuvre de sa moisson, la présente à l'assemblée, sélectionne quelques passages en guise de mise en bouche et suscite ainsi la curiosité et le désir d'en savoir plus.
Résumé de la soirée : Les participants ont partagé leur récolte et des échanges sont nés à partir de ces trouvailles :
Voyage dans l'espace et le temps avec Léonardo Padura, connu par ailleurs comme auteur de policiers : le Portugal, Amsterdam au XVII°, Cuba avec le roman Hérétiques, trilogie foisonnante et palpitante mettant en scène une famille juive qui tente de retrouver son histoire, en lien avec un tableau de Rembrandt vendu puis volé et une mystérieuse disparition. Chaque période historique évoquée révèle les mécaniques répétitifs de l'exclusion, problématique universelle.
Un tableau encore comme fil conducteur dans le roman de l'américaine Donna Tartt, Le chardonneret, récit trépidant, rempli d'émotion et de mystère. Le destin d'un enfant dont la mère disparaît dans une explosion et qui se retrouve confronté à la perte, à la reconstruction, aux excès, à la culpabilité. Ce roman ne laisse pas indifférent : des réactions critiques et de l'enthousiasme.
A découvrir de toute évidence …
Une collection de « netsukes », petites figurines japonaises en ivoire ou en bois finement ouvragées, héritage familial de l'auteur Edmund de Wall, céramiste anglais célèbre est au coeur de ce premier roman. Le lièvre aux yeux d'ambre gravite autour de la riche famille Ephrussi, venue d'Odessa, confrontée aux tourmentes de l'histoire. L'enquête sur les pérégrinations de la collection entraîne le lecteur dans la Vienne de la fin du XIX°, puis le Paris du début du XX°, évoque la brillante vie mondaine et artistique du temps, celle peinte par Proust et jusqu 'au Japon, retour aux sources avec un des membres de cette famille. Oeuvre palpitante où grande et petite Histoire se rencontrent dans un récit bien écrit.
Dans La première femme nue, roman de Christian Boquerel, Phrinê, modèle du sculpteur Praxitèle, raconte son histoire, sa rencontre avec le Sculpteur, son ascension, petite prostituée devenue hétaïre célèbre. La société athénienne du IV°siècle avant JC se déploie sous nos yeux : violente, traversée de rivalités politiques, artistiques, philosophiques et féminines. OEuvre passionnante et foisonnante, où le roman de formation de l'artiste et de son modèle ouvre à des questionnements sur la création artistique en plongeant le lecteur dans un mondehaut en couleurs, comme l'étaient, semble-t-il, les blanches statues marmoréennes venues de cette époque.
Grand maître, de Jim Harrison, se présente comme un pseudo-polar dont l'intrigue met en scène un policier vieillissant et désabusé glissant vers l'alcoolisme. A peine retraité, le voilà embarqué dans une affaire enfin intéressante, autour d'un gourou manipulateur pervers. La traque le mène sur les routes de plusieurs états, accompagné d'une jeune auxiliaire de seize ans. La fiction est prétexte à l'interrogation sur des thèmes récurrents chez Jim Harrison : la religion, le sexe, l'argent, la culpabilité. Le thème du vieillissement donne une couleur mélancolique au nouvel opus de l'écrivain américain âgé de soixante-quinze ans.
La deuxième guerre mondiale sert de cadre à la trajectoire de deux jeunes gens : un Allemand orphelin et une Française élevée par son père à Saint-Malo finissent par se rencontrer dans le Paris occupé. Ce roman d'Anthony Doerr, Toute la lumière que nous ne pouvons voir (Prix Pulitzer) présente des personnages attachants, dans un récit au rythme un peu lent, poétique et lumineux sans mièvrerie et questionne sur la destinée.
Le roman australien Une vie entre deux océans de M.L. Stedman retrace le cas de conscience d'un couple en mal d'enfant qui voit échouer sur son île un canot abritant un bébé bien vivant auprès d'un cadavre. Peut-on faire sien cet enfant en taisant « l'incident » ? Quelles en seront les conséquences ? Peut-on vivre dans le mensonge ? Ce récit pose les questions de la culpabilité, de l'amour et de la haine, du pardon. Sans prétendre apporter des réponses, ce récit psychologique, aux phrases brèves témoigne de la part d'ombre et de vérité qui habite les êtres. Bref, une oeuvre captivante et émouvante.
De belles rencontres offertes par les amis du Cercle littéraire, qu'ils en soient remerciés.
Pour Métaphores, JD