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Métaphores : CAFES-PHILO - CERCLE LITTERAIRE à Pau
24 avril 2015

Résumé du Café-philo du 11/05/15 : l'absolu, une pathologie ?

Café-philo

 

Le café-philo s'est tenu lundi 11 mai à 18h45 au Café associatif La Coulée douce, Cité des Pyrénées à Pau (rue Berlioz).

Sept sujets ont été proposés et soumis au vote. La question retenue a été :

Toute forme d'absolu relève-t-elle d'une pathologie ?

          1     Qu’est-ce que l’absolu ? D’emblée le groupe cite les formes désastreuses du totalitarisme politique, où l’Etat est tout, et le sujet réduit à la portion congrue. Mais une autre direction est proposée tout aussitôt : l’absolu du désir, comme image de l’accomplissement, du savoir, de la perfection, voire du sublime, dans les figures augustes de Dieu, de la beauté, du savoir absolu (Hegel). L’absolu est, étymologiquement, ce qui détaché de toute relation, auto-suffisant, complet par soi et en soi, totalité et unité fermées sur soi. Son contraire est évidemment le relatif.

         2     Le relatif c’est le régime de la réalité matérielle et sociale : tout change, tout passe, toute chose est en relation avec d’autres, dans une connexion indéfinie, impermanente : « la branloire pérenne » de Montaigne. Dès lors  se pose immédiatement la question de la pertinence de la notion d’absolu, pour laquelle n’existe aucune correspondance dans le monde, matériel, social et psychique. Pourquoi les hommes sont-ils fascinés par l’absolu alors que rien, dans la réalité, n’en soutient l’image et l’idée ? Il y a là un paradoxe qu’il faut interroger. En tout cas l’absolu et la réalité semble s’exclure.

        3     La pathologie c’est la maladie du pathos, du « souffrir » (pathein, pâtir, passion, passivité). On peut souffrir de ce que l’absolu manque, qu’il soit inaccessible, désespérant (Valéry disait que « le Beau c’est ce qui désespère ») ou qu’on le découvre inexistant, absent du monde, irréel, imaginaire, ou impossible. Que serait une vie d’où toute référence à l’absolu serait absente ?

        4      Le groupe semble se diriger vers une solution médiane : la pathologie ne serait pas dans la référence à l’absolu, mais dans la confusion des registres, la fusion délirante, l’identification mystique du sujet à la forme totalitaire et tout-englobante de l’absolu : perte de la distance psychique et symbolique, avec, en corolaire, la disparition du sujet comme tel. Le sujet, pour exister (ek-sister), est contraint de se soutenir d’un manque structurel, d’une distanciation symboligène (Françoise Dolto).

       5     Dès lors se pose la question des inter-médiaires symboliques. Remarquons que la fonction du symbole est à la fois de séparer et de réunir, de réunir sur un plan supérieur ce qui était séparé, disjoint sur un premier plan : passage de la nature à la culture, de l’instinct à l’institution, de la pulsion à l’art (au sens large, artefact culturel et conventionnel). Dans ce registre il faut souligner le rôle éminent du langage qui contraint à la nomination de l’objet du désir, donc à un renoncement à la satisfaction directe au profit d’un écart , d’une dérivation dans le champ de la culture. De ce point de vue l’absolu – s’il est le fantasme d’une satisfaction totale et sans reste – est toujours déjà perdu. Mais il n’est pas sûr que le sujet le sache, et encore moins qu’il l’accepte, s’il faut en croire la belle obstination dont tout un chacun fait preuve dans sa course pathétique à la satisfaction.

       6       Paradoxe : ce n’est pas l’absolu qui crée le désir c’est le désir qui crée l’absolu. Il faut croire que dans la psyché humaine persiste, contre l’évidence du réel, une disposition imaginaire ou imaginante qui opère une vigoureuse dénégation, s’obstinant à rêver d’un achèvement et d’une totalisation, dont il sait par ailleurs qu’ils sont impossibles. L’art,  la science, et la philosophie même en témoignent d’abondance.

            Pour Métaphores, GK

 

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Commentaires
L
Mince, me voilà penaud, j'aurais dû me relire, voilà que j'ai fait quelques fautes d'inattention. Veuillez m'excuser. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour la date. A mercredi alors,<br /> <br /> <br /> <br /> Le baron
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D
Baron,<br /> <br /> Il serait préférable de poursuivre sur un autre support...<br /> <br /> AU FAIT, CE N'EST PAS MARDI MAIS MERCREDI 20 MAI...<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> David
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L
Cher David,<br /> <br /> <br /> <br /> Je comprends ta position quant au fil de commentaires, mais laisse-moi te répondre en quelques mots :<br /> <br /> Le baron est ignorant de biens des choses qui le détermine et qui déterminent, sans parler de leurs conséquences. Mais il n'ignore pas la définition de la parataxe. C'est pourquoi, il insiste - oui, c'est son tort- sur le lien de parenté qui existe entre le marxisme et la philosophie de Sartre. <br /> <br /> En effet, dans "critique de la critique de la raison dialectique", il critique les insuffisances du marxisme ("le marxisme s'est arrêté"), il y refuse l'idée d'une dialectique de la nature, mais déclare tout de même que la marxisme est la philosophie de notre temps et que l'existentialisme n'est qu'une idéologie originale et nécessaire à l'intérieur du marxisme :<br /> <br /> <br /> <br /> "J'ai dit que nous acceptions sans réserves les thèses exposées par Engels dans sa lettre à Marx : "les hommes font leur histoire eux-mêmes dans une milieu donné qui les conditionne."<br /> <br /> "L'homme fait l'histoire et par ailleurs, c'est l'histoire que le fait." Mais encore " Si l'on veut donner toute sa complexité à la pensée marxiste, il faudrait dire(...) : les hommes font leur histoire sur la base de conditions réelles antérieures, mais ce sont eux qui la font et non les conditions antérieures."<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà pour les liens entre Sartrisme et Marxisme. Mais il y a tant à dire pour peser le pour et le contre, que cela mériterait une suite ; peut-être un de ces jours.<br /> <br /> <br /> <br /> A mardi David et tous les autres,<br /> <br /> <br /> <br /> Très Cordialement<br /> <br /> Paul-henri Thiry d'Holbach.
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D
Cher Baron,<br /> <br /> Je préfère que le fil de commentaires s'en tienne au sujet de la soirée mentionnée, ici là question de savoir si toute forme d'absolu relève d'une pathologie ; ce à quoi j'ai voulu apporter une contribution dans mon post précédent. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais pour te répondre rapidement : est parataxique une accumulation de propositions sans lien logique (explicite ou implicite) entre elles. Enfin il me semble paradoxal d'associer Marx et Sartre en ce que ce dernier récuse le determinisme et affirme la liberté du sujet (L'être et le néant, partie 4,ch. 1). <br /> <br /> Bien à toi. <br /> <br /> David
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L
Cher David,<br /> <br /> <br /> <br /> Tout d'abord, merci pour ton intervention. Cependant, je dois t'avouer ne pas comprendre que l'idée selon laquelle l'énumération d'auteurs ci-dessus, serait parataxique car ils appartiennent tous à un courant qui pense l'homme déterminé jusqu'au moindre de ses sentiments par l'altérité et l'activité ; leur anthropologie n' est pas "ancrée par d'éternels crampons à une nécessité d'airain"(Nietzsche, Gai savoir) mais est ontologiquement variable, indépendamment de quelque ordre divin, ou de quelque nature humaine sur laquelle nous n'aurions, nous, notre droit et nos inventions, aucune influence. <br /> <br /> Si c'est une question de forme, je dois t'avouer ne pas faire de plan (lol), pour écrire dans le peu de temps qui m'est imparti, mais j'y penserai quand mes examens seront passés.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à Marx, j'ai eu la chance de pouvoir analyser dans le détail, l'été dernier, son "manifeste du parti communiste" ; que son contenu doctrinal puisse évoluer au gré de ses ouvrages, je l'ignore, mais voici ce qu'il y affirme :<br /> <br /> <br /> <br /> « la conscience de l’homme change avec tout changement survenu dans ses relations sociales, dans son existence sociale. »<br /> <br /> "L’histoire démontre que les transformations de la production matérielle transforment la production intellectuelle. "<br /> <br /> « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. » ET milles autres phrases encore, que je chercherai dans mes notes si cela est nécessaire. Notamment concernant la part liée à l'objectivation par le travail.<br /> <br /> <br /> <br /> Phrases par lesquelles il affirme l'idée extrêmement célèbre selon laquelle, les rapports de productions font les classes, les classes font les consciences : la société fait donc les Hommes : "Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur être social, c'est leur être social qui détermine la conscience des hommes. " <br /> <br /> Donc, lorsque l'on affirme que l'Allemagne a produit Hitler et Kant, on affirme qu'une société produit des hommes et si notre pensée suit le fil des mots utilisés, l'on peut légitimement penser lorsqu'on entend cette thèse, qu'il peut exister un lien de parenté avec la pensée de Marx. Qu'en penses-tu ?<br /> <br /> <br /> <br /> Mince, je m'aperçois que je n'ai pas répondu à tes questions mais seulement aux premières objections : je m'y attellerai prochainement.<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Paul-henri Thiry d'Holbach.
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